À la découverte d’une école bouddhique

quartier bouddhique
Zone de l’école bouddhique

En ville, il faut savoir marcher pour découvrir. J’en ai fait la magnifique expérience aujourd’hui. Pour me rendre de la Paya Shwedagon à la Paya Ngahtatgyi (Bouddha assis), j’ai pris parti de passer par des chemins de traverse, là où presque tous les touristes prennent plutôt le taxi.

Pourtant, quelques dizaines de mètres à côté de l’axe à six voies qui mène à l’aéroport, le bruit des klaxons est déjà étouffé par la végétation luxuriante. Ici, les palmiers et les santals (dont l’écorce fourni la teinture des robes de moines) sont rois. Je l’ignore encore, mais toute la zone est celle d’une école bouddhique. Plus de 700 moines y résident et y enseignent la philosophie du Vipassana.

C’est Myo Myo qui m’apprend tout ça. Il m’interpelle alors que je passe devant une cahute en teck. Cet étudiant bouddhiste parle très bien anglais et connaît même quelques rudiments de français. Il m’invite à l’intérieur. C’est là qu’il vit, en compagnie de trois moines et d’autres disciples. Les premiers disposent de leurs propres couches. Les seconds dorment à même le sol.

Myo Myo me donne mes premières leçons de Vipassana et me présente à son maître U Sandazawati. Lui aussi parle anglais. Il prépare son voyage en Inde, où il espère passer son examen de Master en études bouddhiques. Et ainsi atteindre un degré supérieur de sainteté.

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U Sandazawati

À peine assis, on me sert du thé et de quoi grignoter. Pas de danger pour l’estomac, me prévient-on; les moines, éminemment respectés dans la société birmane, ont droit aux meilleurs produits. (Par précaution, je prendrais tout de même une petite gorgée de Carmol en partant). Au « menu », une salade de feuilles de thé vert, basilic séché, cacahuètes et sésame, un cake à ce qui m’a semblé être de la noix de coco (mais qui n’en était pas) et enfin, une gourmandise locale, fabriquée à base du suc tiré des fruits de palmiers.

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Mets birmans

Pour me porter bonheur, U Sandazawati me fait don d’un bracelet qu’il a fabriqué.

Maître et élève m’emmènent ensuite visiter l’école bouddhique, le Bouddha assis, le Bouddha couché et un centre de méditation réservé aux Birmans : un lieu de passage obligé dans la vie d’un bouddhiste !

 

 

 

 

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Le fameux Bouddha assis, couvert sous un toit de tôle ondulée, mesure 15 mètres de haut.

Avant de partir, j’apprends de Myo Myo qu’il est interdit aux moines de demander des dons, mais qu’il serait bienvenu de laisser un peu d’argent pour l’aider à financer son voyage en Inde. C’est justement ce que j’avais prévu de faire. Le billet est glissé dans un livre, tendu au moine les deux mains sur la couverture. U Sandawatzi reçoit le don en m’accordant sa bénédiction.

Ma note de karma en sort grandement améliorée !

 

 

 

 


Les Rohingyas, ces « envahisseurs »

Apprenant que je suis journaliste, Myo Myo avait un message à faire passer : les Birmans n’ont rien contre les Musulmans, ni contre les étrangers. Pour les  Rohingyas, c’est différent. Ce sont « des envahisseurs en provenance du Bangladesh« , m’explique-t-il.

Ses propos répondent en partie à une réflexion que je m’étais faite ces deux derniers jours: si les Musulmans sont ostracisés en Birmanie, pourquoi semblent-ils si bien intégrés à Yangon?

L’histoire des différends entre Rohingyas et bouddhistes est liée à celle de l’histoire de l’Etat rakhine (Nord-Ouest du pays). Dans cette partie du pays, cette ethnie musulmane représente environ 20% de la population. On reconnaît ses membres à leur teint plus sombre et à leur dialecte tiré du bengali.

L’origine des tensions tient justement du fait que ces musulmans ne sont pas considérés comme birmans, mais comme des « envahisseurs ». Quant à eux, les Rohingyas prétendent habiter ces terres depuis plusieurs siècles et refusent dans la grande majorité d’être comparés à des Bengalis.

Leurs revendications (parfois terroristes) fait face depuis quelques années à l’émergence du mouvement fondamentaliste 969, incarné par Ashin Wirathu, moine extrêmement respecté, dont les prédications sont très virulentes à l’encontre des Rohingyas.

Un contexte dont il faut tenir compte pour mieux appréhender la situation décrite dans nos médias occidentaux.

6 commentaires Ajouter un commentaire

  1. Merci Bertrand de nous faire découvrir le Myanmar au travers de ceux qui y vivent. Et de nous offrir de nouvelles clés de lecture d’événements très médiatisés.
    Félicitations pour ce bel article. On en redemande…..

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    1. Merci beaucoup! J’espère avoir encore d’autres belles rencontres à partager 😉

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  2. JP dit :

    Très intéressant merci

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