Ses mains volent sur sa vièle à une corde. Il est à peine 9h30 du matin, mais l’ambiance est déjà au beau fixe dans le jardin de cette maison d’agriculteurs de l’île de Don Kong. Cette dernière est le lieu le plus paisible des 4000 îles, cet archipel échoué au milieu du Mékong à l’extrémité Sud du Laos.
Peu de touristes viennent s’y ressourcer: la plupart préfèrent la festive Don Det ou sa voisine, Don Khon. À vrai dire, il n’y a pas grand chose à y faire, à part observer la vie locale et les rizières. C’est en revanche la seule île à être accessible par la route. L’enfant du pays, Khamtay Siphandone, président du Laos entre 1998 et 2006, y a fait construire un pont.
Pendant que le musicien fait démonstration de son talent à l’aide de son instrument rudimentaire, quatre de ses amis l’accompagnent de leurs battements de main. L’un a même transformé un seau en percussion. Derrière eux, deux enfants jouent à la pétanque, un sport très apprécié dans le pays.
L’heure a beau être matinale, les acolytes ont déjà le visage rougi par l’alcool. Intrigué que je suis par cette ambiance, ils m’accueillent avec autant de bienveillance que d’indifférence. Tu peux t’asseoir avec nous, mais ne faisons pas d’efforts pour communiquer.
L’un d’entre eux me tend un verre de lao-lao, l’alcool de riz traditionnel. Refuser serait une marque d’irrespect. Tant mieux, j’en ai encore jamais goûté. La boisson est moins corsée que ce à quoi je m’attendais. Le riz lui donne même un léger goût sucré plutôt agréable.
Une vingtaine de minutes et deux verres plus tard, je me retire poliment. Mon tour de l’île en moto ne fait que commencer…