Elle a 70 balais, la peau ridée, le poil un peu rêche et semble prendre plaisir au contact de ma main sur son flanc. Il faut dire que pour rentrer dans ses faveurs, je lui ai apporté quelques bananes et morceaux de bananier.

Elle, c’est une éléphante domestiquée du Elephant Community Project. Ce programme a été mis en place par la communauté bunong de Rolung, village à proximité de Sen Monorom, chef-lieu de la province du Mondolkiri.
Pendant longtemps, ces animaux ont tenu une place essentielle dans la vie économique de cette minorité ethnique de l’Est du Cambodge. Utilisés notamment pour le transport de charges lourdes, ils ont perdu de leur utilité avec l’arrivée de la route goudronnée (et donc des camions), il y a huit ans.
Comme beaucoup d’autres dresseurs, les Bunongs se sont alors tournés vers le tourisme, proposant des balades à dos d’éléphant aux visiteurs en mal d’exotisme. Jusqu’au jour où l’une de leur bête est décédée d’épuisement. Un choc pour cette communauté qui voue un énorme respect à leurs pachydermes, qui sont considérés comme des membres à part entière de la communauté. Ils sont par exemple invités aux célébrations comme les mariages. C’est aussi le seul animal du village qui, à sa mort, ne finit pas dans une casserole.

Désormais, les seules personnes habilitées à monter les deux dernières éléphantes du village sont les cornacs. Ces derniers sont désignés selon un tournus de trois semaines entre chaque famille. Les plus jeunes ont entre 8 et 10 ans.
Les cornacs montent directement sur leur monture, sans siège, et n’utilisent qu’une simple tige en bois pour les guider. Leur présence permet de calmer les animaux au moment où les touristes les nourrissent. Puis, les pachydermes sont libres de déambuler dans la jungle, à la recherche de leur propre nourriture.

L’après-midi, le bain est un rituel obligatoire, nécessaire pour déloger les parasites qui souhaiteraient se nicher dans les plis de peau et éventuellement repérer les blessures. L’occasion pour les visiteurs du jour de monter sur le dos de ces puissants animaux pour leur frotter le dos.

La trompe, cet outil multifonctions
À l’observation d’un éléphant, on est immédiatement impressionné par la dextérité de sa trompe. Tantôt, elle saisit la nourriture tendue, tantôt elle fouille le sol pour déraciner un arbrisseau qui sert de chasse-mouches. Ou alors elle asperge le corps de terre, pour protéger la peau du soleil.