Le Plateau des Boloven. Ses plantations, ses cascades et ses paysages vallonnés: un régal à découvrir! Cette région du Sud du Laos connue pour son café et son thé est devenue, depuis peu, une terre d’accueil pour le sacha inchi, la « noix inca », appréciée des adeptes de produits bio. On les aperçoit presque partout, sécher au soleil le long des routes.

Une région magnifique, où une visite m’a laissé un goût amer. Et exceptionnellement, c’est de cette expérience mitigée dont j’ai envie de vous parler: j’ai nommé la visite du village de Koh Poung Tai en compagnie du Captain Hook.
La plupart des voyageurs qui s’arrêtent au Plateau des Boloven effectuent une boucle à moto depuis la ville de Pakse. À Koh Poung Tai, Captain Hook, un habitant volubile qui parle couramment anglais, en raconte volontiers des tonnes sur le café et les particularités de sa minorité ethnique (les Katus). Certains visiteurs décrivent une plongée unique dans la vie de cette minorité animiste. J’ai plutôt eu l’impression que l’authenticité avait quitté les lieux le jour où le village a commencé à être conseillé aux voyageurs.
Les 700 Katus de Koh Poung Tai vivent en auto-suffisance. Polygames, ils croient notamment que la fumée des bongs (pipe à eau) permet de chasser les mauvais esprits. C’est pourquoi ils apprennent à fumer à leurs enfants, dès leur plus jeune âge (vers trois ans).
Le village se situe le long de la route principale, goudronnée depuis quelques années. Un droit d’entrée modique est demandé. « Pour construire une école« . C’est donc volontiers que l’on s’exécute. Reste à franchir, un tournant plus loin, la «barrière»: une corde tendue au milieu du chemin sablonneux par quatre bambins. Le plus vieux doit avoir six ans. A posteriori, je remarque qu’ils avaient un air particulièrement négligé, chose que je n’ai constaté nulle part ailleurs en quatre mois de voyage en Asie du Sud-Est, y compris dans d’autres villages de minorités ethniques.
Premier malaise à l’ouverture du porte-monnaie. Au moment de leur tendre ma preuve de paiement, les « garde-barrières » semblent en vouloir après mes billets…
La maison de Captain Cook est bien indiquée. Une dizaine de motos sont déjà parquées. Parmi le comité d’accueil, une femme est en train de tirer sur son bong en bambou. Comme si elle attendait ma venue. Une simple coïncidence?
Le « capitaine » est déjà dans la plantation de café. Pour le rejoindre, je longe un potager. Deux dames y travaillent, accompagnées de quelques enfants. L’une d’entre elle œuvre en fumant. Pas très pratique quand on pense qu’une pipe fait, à vue de nez, une bonne septantaine de centimètres de long…
Le malaise ne fait qu’augmenter près des caféiers, où un enfant et sa mère sont occupés. Le petit semble lui aussi très intéressé par ce qu’il voit. Il me quémande mes lunettes de soleil. Je les lui prête volontiers pour satisfaire sa curiosité. Puis vient le tour de ma bouteille d’eau. Je lui en donne une, qu’il renverse aussitôt sous le regard hilare de sa mère.
C’est à ce moment que je me suis demandé ce que je faisais là. Dès mon arrivée à Koh Poung Tai, j’ai eu l’impression que tout était mis en scène (peut-être à cause d’un concours de circonstances?): les enfants négligés, les « fumeuses de bong » bien en vue,… Après recherche, je constate que le projet d’école date au moins de 2016.
Suis-je à ce point fermé aux cultures totalement différentes de la mienne? Lorsque les enfants semblent ne retirer aucun bénéfice des voyageurs de passage, sans doute. À prendre en considération si vous considérez l’idée de vous rendre chez Captain Cook.
Heureusement, le Plateau des Boloven, c’est surtout des superbes paysages!