Myanmar: la seule évocation de ce pays suscitait curiosité et appréhension auprès de mes amis avant mon départ. Il faut dire que la situation au Nord-Ouest du pays – le génocide vécu par les Rohingyas – avait de quoi provoquer des interrogations, notamment du point de vue sécuritaire. Moi-même, je pensais débarquer dans un pays à l’ambiance tendue. Et ça n’a pas du tout été le cas!
À mon tour de vous partager mon expérience et, peut-être, vous donner l’envie de vous rendre dans ce pays qui pour moi a été un véritable coup de cœur.
Le bouddhisme est une composante essentielle de l’identité birmane
Pourquoi partir au Myanmar ?
Parce que c’est une destination magnifique, encore très peu touristique, mais qui dispose déjà de la plupart des infrastructures nécessaires pour accueillir convenablement les voyageurs.
Est-ce une destination sûre?
Suite à la crise des Rohingyas, de nombreux touristes ont renoncé à se rendre au Myanmar. Pourtant, les risques sont faibles pour les visiteurs; le gouvernement interdit l’accès à toutes les régions encore en conflit. D’ailleurs, en quatre mois en Asie du Sud-Est, le Myanmar est le pays où j’ai vu le moins de policiers et de militaires.
Sans vouloir m’ériger en donneur de leçon, je pense que l’aspect sécuritaire n’est pas une excuse pour ne pas partir au Myanmar. Au contraire, une telle décision nuit à une population qui n’a rien demandé. Même si les Rohingyas sont dénigrés par un grand nombre de Birmans, ceux qui vivent du tourisme subissent la situation actuelle.
Où partir au Myanmar ?
Deux noms à retenir: le Lac Inle et Bagan. Rajoutez-y Mandalay et Yangon (tous en bleu sur cette carte) et vous obtenez le circuit traditionnel privilégié par les visiteurs qui ont peu de temps à disposition pour visiter le pays. Vous pouvez quasiment visiter les quatre sites dans l’ordre que vous désirez.
Je rajouterais (en vert) mes deux coups de cœur: Hpa-An, petite ville perdue au milieu de la campagne, dans la partie Sud du pays, et Mrauk U, au Nord-Ouest, site étalé de temples perdus au milieu de collines.
Le tuk-tuk birman: un moyen de transport auquel vous n’échapperez pas!
Les indispensables
Visas : Le plus simple semble de faire sa demande de visa via le site officiel https://evisa.moip.gov.mm/. Il ne semble pas y avoir de difficultés particulières à l’obtenir. J’ai rempli mon questionnaire un mardi à midi et ai reçu le mail de confirmation le soir même. Simple et efficace!
Douanes: Je n’ai rencontré aucun problème au passage de la douane à l’aéroport de Yangon. Tant que vous veillez à remplir correctement tous les documents qui vous sont fournis, ça devrait aussi être le cas pour vous. Les douaniers étaient d’ailleurs surprenamment détendus. Évidemment, le passage prend un peu temps, mais c’est davantage à cause du manque de comptoirs ouverts, que de la méticulosité des agents.
Overstay: Si vous comptez rester plus longtemps que ce que votre visa vous permet, ne vous faites pas de souci, vous n’aurez pas de tracasseries à la douane. Il suffit, à votre départ, de vous rendre au Bureau de l’Immigration, où vous devrez payer 3$ par jour(s) supplémentaire(s). Veillez à avoir une réserve de dollars intacts 😉
Argent : Le système bancaire birman semble relativement récent. Si vous restez dans les principaux sites touristiques, vous trouverez sans peine un distributeur de billets acceptant les cartes internationales pour faire le plein de kyats, la monnaie locale. En un mois, je crois même n’avoir jamais rencontré de problème avec des DAB (distributeur automatique de billets). Vous pouvez notamment faire confiance à ceux de la banque KBZ. Appliquez toutefois le principe de prudence, à savoir de toujours disposer de suffisamment de cash pour quelques jours lorsque vous vous rendez dans une nouvelle ville. Dans certains lieux, comme à Hpa-An, il n’y a parfois qu’un seul DAB. Et si celui-ci est en panne…
La pirogue dans un village sur le Lac Inle: un incontournable!
Transports : Vous n’aurez aucune peine à circuler entre les villes dignes d’intérêt. En revanche, les conditions de confort peuvent énormément varier. Sachez simplement qu’il existe différentes classes de bus, du local, peu confortable et aux arrêts variables, au VIP, dans lequel vous pourrez basculer votre siège pour dormir dans une position plus ou moins confortable. Difficile de vous conseiller une compagnie: généralement, je me contentais de celle proposée par mon hôtel. Le plus simple reste d’ailleurs de réserver votre billet là où vous dormez. Un tuk-tuk viendra vous chercher pour vous emmener à la gare routière.
ATTENTION! Les bus birmans sont généralement trop climatisés. Prenez de quoi vous habiller, même si des couvertures sont généralement fournies.
Électricité : Rien ne vaut un bon adaptateur universel lorsque l’on part en voyage. Dans les faits, vous en aurez rarement besoin, car la plupart des logements ont des prises adaptées. Mais on ne sait jamais!
Internet : Le réseau mobile est étonnamment bien développé au Myanmar. Vous n’aurez normalement pas de peine à capter la 4G.
Par contre, la qualité du Wi-Fi dans les hôtels est médiocre. Vous aurez parfois de la peine à ouvrir vos mails. Je pense que cela tient au fait que la plupart des hébergements bas-de-gamme disposent d’une unique connexion pour tous leurs clients. Connexion que les tenanciers et leur famille utilisent généralement durant la journée, notamment pour regarder des highlights de Premier League.
Je ne peux que vous conseiller d’opter pour une carte SIM locale, généralement très bon marché. Telenor est la compagnie la plus répandue géographiquement, mais les services d’Ooredoo semblent meilleurs. C’est certainement la meilleure des choses à faire si vous avez besoin d’accéder à Internet.
Manger, dormir, se déplacer
Se déplacer
Le train: l’occasion parfaite de découvrir (en prenant le temps) la campagne birmane
Taxi : Vous en trouverez surtout à Yangon et Mandalay. Essayez de vous renseigner à l’avance des tarifs pratiqués. Vous aurez de la peine à marchander sur les prix. Si un chauffeur estime que vous demandez un tarif trop bas, il ne vous prendra tout simplement pas. Personnellement, je déteste les touristes qui cherchent absolument à forcer la main des chauffeurs locaux, surtout lorsque l’on rapporte les montants marchandés au dollar ou à l’euro. Il y a une différence entre ne pas se faire avoir et négocier pour payer le moins possible.
Sur les routes, la plupart des conducteurs (bus et voitures) que j’ai rencontré, à une ou deux exception près, conduisait de manière relativement prudente. Dans les grandes villes, le trafic a beau être un peu plus dense, les conducteurs ne sont pas très agressifs.
En l’absence de taxis, vous ne peinerez jamais à trouver une moto, un tuk-tuk, voire un thoun bein (sorte de side-car, exclusivement à Mrauk U) pour vous conduire à destination.
Train: Il vous faut tester, au moins une fois, le train birman. J’en ai fait l’expérience entre Yangon et Kyaitiko (en orange sur la carte). 5 heures dans un wagon bringuebalant mais confortable. 5 heures à vitesse réduite pour apprécier le paysage et les marchands qui traversent les wagons. Plus urbain, la Yangon Circle Line vous permettra de traverser les quartiers périphériques de l’ancienne capitale birmane. Le trajet le plus spectaculaire reste toutefois celui entre Mandalay et Hsipaw et son vertigineux pont ferroviaire. Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de tester ce trajet, mais on ne m’en a dit que du bien.
Moto: vous n’aurez pas souvent l’occasion de louer des motos ou scooters. À certains endroits, comme à Mandalay, leur location est même interdite aux étrangers. En revanche, Bagan se découvre facilement sur des scooters électriques relativement puissants.
Vélo: j’ai adoré louer un vélo pour découvrir certains quartiers de Mandalay ou me balader dans la campagne autour de Mrauk U. Le trafic étant peu dense en dehors des agglomérations, vous aurez largement le temps d’observer la vie locale. En revanche, à Mandalay, c’était un peu plus sport. Petit conseil: si vous devez traverser un axe routier important, attendez qu’un autre véhicule fasse de même pour vous mettre dans sa roue.
Il faut parfois être prêt à pédaler les genoux au guidon!
Bateau: Vous ne pouvez pas imaginer voyager Myanmar sans monter au moins une fois dans un bateau. Tenter de faire au moins une étape de votre voyage sur un fleuve. La plupart des touristes choisissent l’Irrawady entre Mandalay et Bagan. J’ai préféré descendre la Salouen entre Hpa-An et Mawlamyine, un trajet plus court. Les pirogues (à moteur ou avec un rameur) sont incontournables si vous vous rendez au Lac Inle.
Ailleurs dans le pays, certains trajets peuvent se révéler épique. Dans le Nord-Ouest, à proximité de Mrauk U, j’ai loué une embarcation pour la journée. Que j’ai du écoper en cours de route! Une expérience inoubliable!
Se loger
Vous trouverez partout des logements. Dans les principaux sites touristiques, certains hôtels commencent à proposer un service de qualité. Dans les régions plus reculées, ne vous attendez toutefois pas à toujours connaître le grand confort, surtout si vos moyens sont limités. Les hébergements ne sont pas aussi bon marché qu’ailleurs en Asie du Sud-Est et vous trouverez difficilement une nuit à moins de 8$. Il faut savoir que pour accueillir des touristes, les tenanciers sont obligés de disposer d’au moins 10 chambres. Cela signifie également que Airbnb et le couchsurfing sont des pratiques illégales. Le nombre d’hôtels étant parfois limité dans les destinations les plus reculées, vous n’aurez pas d’autres choix, si vous n’avez pas réservé en ligne à l’avance, de vous retourner sur des logements un peu moins propres.
Se nourrir
Les marchés vous mettent des couleurs plein les yeux (et des odeurs plein les narines).
Si vous pensez visiter le Myanmar pour sa gastronomie, vous faites fausse route! Ici, la nourriture est généralement grasse. La gastronomie birmane est inspirée, suivant les régions, d’influences indienne et chinoise. De la Chine, vous reconnaîtrez surtout les viandes à la sauce aigre-douce. De l’Inde, des currys pas tout le temps de très bonne qualité – même si j’ai eu de très bonnes surprises à Mrauk U.
La gastronomie birmane c’est quoi? De l’huile d’arachide, beaucoup! Mais pas seulement. L’état shan, près du Lac Inle étant un immense jardin, vous pourrez y déguster d’excellentes salades, notamment de thé vert, mais aussi de tomates vertes, généralement complétées de cacahuètes grillées. Sans oublier les excellents jus de fruits.
Faites attention avec les crudités. Renseignez-vous s’ils sont lavés avec de l’eau purifiée. La pratique semble de plus en plus répandue. Si ça n’est pas le cas, c’est à vos risques et périls. Personnellement, je n’ai jamais vraiment fait trop attention, sans non plus abuser de légumes. Je n’ai eu qu’une seule fois des problèmes gastriques (mais alors sérieux).
Dangers: deux expériences pour exemple
Je ne suis pas spécialiste de la sécurité au Myanmar, mais le pays m’a paru étonnamment paisible. Vous risquez en revanche de rencontrer quelques moments de tension à la descente des bus. Les chauffeurs de taxi et autres tuk-tuks, particulièrement les plus jeunes, peuvent parfois se montrer autoritaires.
Depuis que la crise des Rohingyas a éclaté, le nombre de touristes a drastiquement diminué, poussant certaines personnes à tenter de vous escroquer. À Yangon, une personne s’est spontanément assise à côté de moi dans un temple pour parler anglais. Se présentant comme un prof d’anglais, il m’a proposé de faire un tour du centre-ville. À la fin de la journée, il a tenté de me soutirer 200 dollars, soit 6 fois plus que le tarif normal pour un guide. N’oubliez pas cette règle : pas de tarif convenu au départ, pas de paiement ! En l’occurrence, face à son désespoir, je lui ai quand même donné 8 dollars de pourboire.
Globalement, le Myanmar, c’est surtout des sourires!
Je me suis fait avoir une autre fois, un peu par naïveté. À la recherche d’un barbier à Yangon, j’ai demandé des renseignements à un jeune qui parlait anglais. Lui et son ami m‘ont amené à un stand de rue. Le barbier m’a demandé de fermer les yeux et quand je les ai rouverts, les deux compères m’ont affirmé l’avoir payé, (80 cents). Je me suis rendu compte après coup qu’ils en ont profité pour fouiller mon sac, qui heureusement était vide. Je les ai suivi pour leur rendre l’argent. En leur tendant le billet, il me dise que celui-ci n’est pas valable, car un peu écorné (en vérité, tout le monde accepte les vieux billets). Je sors donc mon porte-monnaie pour leur donner un billet qui a meilleure façon. C’est là que les deux commencent à prendre les kyats qui s’y trouvent, à se les partager et se montrer agressifs. Méfiance donc face à l’excès de bonté !